La France mauvaise élève dans la « guerre informationnelle »


Le secrétaire général du groupe Rassemblement national à l’Assemblée nationale, Renaud Labaye, la présidente du groupe, Marine Le Pen, et les députés Sébastien Chenu et Jean-Philippe Tanguy (de gauche à droite) lors de la réunion de groupe du 6 juin 2023 à Paris.

Tous les généraux le savent. Pour gagner une guerre, les soldats ne suffisent pas. La propagande est une arme essentielle. C’est un poison qui affaiblit l’ennemi en semant la division au cœur même de son territoire. Une évidence pour beaucoup mais pas pour la France, qui n’a toujours pas pris conscience de ce danger. C’est la principale leçon du rapport final de la commission d’enquête parlementaire sur les ingérences étrangères dans la vie politique française, publié le 8 juin.

Adopté le 1er juin, le rapport n’a, pour l’heure, fait écho qu’aux bagarres internes à la vie politique française. Il a, en effet, donné lieu à des échanges vifs entre le président de la commission, le député (Rassemblement national, RN) de la Somme Jean-Philippe Tanguy, et la rapporteuse, la députée (Renaissance) des Hauts-de-Seine Constance Le Grip. Le RN espérait, avec ce texte, faire table rase des accusations d’allégeance vis-à-vis de Moscou. La mouture finale de Mme Le Grip désigne, au contraire, le RN de Marine Le Pen comme une « courroie de transmission efficace » du Kremlin en France.

Pourtant, au-delà des bisbilles politico-françaises, le rapport lève le voile sur l’inculture, en France, sur la question des ingérences étrangères, leurs conséquences et leur gravité. Une ignorance qui cache de « la naïveté », mais aussi « de la connivence ». Un aveuglement dénoncé par les pays voisins de la Russie qui subissent une menace directe du régime de Moscou.

Faire monter la défiance

L’ingérence se distingue de l’influence par son caractère masqué voire clandestin. Il s’agit d’une manipulation de l’information orchestrée par un Etat souvent autoritaire qui veut déstabiliser un pays en faisant monter la défiance entre les citoyens et leur gouvernement. Elle a plusieurs visages : cyberattaques, perturbations des processus électoraux, corruption des élites, désinformation ou opérations d’espionnage classique. Elle veut semer la confusion entre le vrai et le faux.

A ce titre, dit le rapport, « la Russie est le pays d’origine des menaces d’ingérence les plus importantes posées aux démocraties occidentales ». Moscou s’inscrit « dans une stratégie de confrontation avec l’Occident » dont l’un des piliers est la désinformation. Le rapport parle même de « guerre informationnelle ». Une analyse partagée par l’actuel ministre russe de la défense, Sergueï Choïgou, qui définissait la chaîne de télévision RT (Russia Today), financée par son pays, et aujourd’hui interdite en France, comme « une composante des forces armées ».

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